HighLow-Tech

 

 

Initiée par le plasticien Bertrand Planes en 2006 suite à une série de collaborations avec le laboratoire du CNRS le LIMSI à Orsay et le chercheur Christian Jacquemin, la pensée High Low s’inspire de la programmation pour intégrer une part d’optimisation dans le processus créatif.

Optimisation des moyens, recyclage, détournement, hacking deviennent des stratégies de création qui ne s’opposent pas à la qualité de la production, au contraire, ils obligent un cheminement mental supplémentaire de la part du créateur qui décide d’échapper à la facilité d’une débauche de moyens. Ce cheminement mental est considéré comme un matériau essentiel de l’œuvre.

Résolument d’actualité, l’optimisation dans la production a toujours existé, notamment à l’échelle des premiers ordinateurs. Limités en mémoire et en capacité de calcul, ils exigeaient du programmeur un travail très pointu d’économie des ressources. Le résultat était d’une grande précision. Plus tard, avec l’évolution des processeurs et des capacités de stockage, il est devenu plus rentable de pousser la vente de hardware (mémoire et processeurs plus puissants) plutôt que de favoriser le software, l’optimisation des programmes et l’effort cognitif de la programmation optimisée. Il en est résulté une débauche de moyens technologiques, des ordinateurs extrêmement énergivores jamais exploités au maximum et une économie fondée sur la surenchère matérielle totalement injustifiée sur un plan technique.

À titre d’exemple, l’ordinateur AGC du MIT (Apollo Guidance Computer) qui guida la mission Apollo sur la Lune en 1969 n’a même pas la puissance d’un nokia 3310.

Économiser ses ressources, n’est pas un choix par dépit, c’est une philosophie qui va bien au-delà de l’actuelle écologie. Il y avait en 2000 l’apogée d’une pratique qui s’appelait le Demomaking, cette pratique consistait à produire des créations graphiques sur ordinateur dans des limites données, de mémoire et de temps de calcul. Produire un code hyper optimisé n’a très vite plus suffit à se faire remarquer. Il a fallu alors produire un code ‘déviant’. C’est-à-dire une programmation qui sort des règles du code, mais qui fonctionne. Appliqué à la grammaire, l’on pourrait dire qu’il s’agissait alors de sortir des règles grammaticales pour produire de la poésie. C’est ainsi par exemple qu’un jeune programmeur a réussi juste à l’aide de la programmation à afficher plus de pixels sur l’écran que les concepteurs de l’ordinateur l’avaient défini. Le software dépasse le hardware, l’esprit sublime la matière.

Dans high low, il faut comprendre : le low produit le high.